"El Fundi ou la Bravoure en lettres de Noblesse".

22/05/2014 18:47

"El Fundi ou la Bravoure en lettres de Noblesse".

 

 

               

 

 Le 22 juillet 2012 est et restera une date historique pour le « mundillo ».  Ce jour-là, en Terre Landaise,  José Pedro Prados Martín plus connu sous le patronyme « El  Fundi » tirait sa révérence l’esprit empreint de soulagement, d’angoisse, de joie et de nostalgie.

 

 

Ainsi, seul dans le Patio de Caballos,  « El Fundi »  réglait sa note tandis que José livrait une faena singulièrement invisible : Cette forme de  contrat définitif qui n’a d’autre but que d’apprivoiser nos fantômes aussi pénibles soient-ils.

Pour cet ultime opus, la ville de Tyrosse avait eu le bon goût de mettre en exergue  deux « José »  sur le sable des arènes Marcel Dangou. Le premier, matador ; le second, ganadero. Une dernière fois donc, « El Fundi » et « Joselito »  amis indissociables  et compagnons  d’armes, se retrouvaient ensemble au cartel.

Au paséo et pendant la course, défileront alors trente années de mémoires…

 

 

 

 

Une carrière loin d'être un long fleuve tranquille.

 

Le 29 septembre 1989 marque le début de la carrière d’El Fundi : comme par magie,  tout est ajusté, mis en œuvre pour qu’enfin « l’Aigle de Fuenlabrada » prenne son envol : les trois espaces (lieu, temps, protagonistes) sont réunis : le lieu, le mythique amphithéâtre d’Arles ;  le temps, l'ultime corrida de la saison en France ; les protagonistes, six pensionnaires peu « commodes » d’Hubert Yonnet. Grandiose !

Il existe aussi une autre façon de présenter les choses : mis à part la présence attractive au cartel de Richard Milian, c’est une banale course de fin de saison, aussi venteuse que pluvieuse sur laquelle plane un parfum de nostalgie de fin de « temporada » ; six pensionnaires de « La Béluge »,  des « pitons »  comme des « portes-manteaux » attendent sagement dans les corrales d’Arles deux toreros quasi inconnus du grand public (J.A Carretero, et « El Fundi »).  Une corrida transpirant « La Vallée de la Mort* ».

 

Si je m’attarde délibérément sur le sujet, proposant sciemment deux visions antinomiques de « l’évènement », c’est tout simplement parce que les personnes ayant bravé le froid, ont disposé d’un privilège rarissime : celui d’assister à l’éclosion d’un des plus grands matadors des ces vingt trois dernières années. Certes, quelques aficionados se souvenaient vaguement d’un petit novillero prometteur aperçu du côté des Saintes Maries un soir de Juillet 84,  mais il leur manquait l’indispensable « piqure de rappel », celle-ci survenant en Arles cette fameuse après-midi automnale en l’an de grâce 1989.  Le tout sera ratifié six mois plus tard  avec maestria par trois appendices arrachés aux fauves de « Zahariche ».  Trois  « pavillons » fièrement dressés sur le sable Arlésien. Les plus sceptiques pensaient peut être qu’il ne s’agissait là que d’un pétard mouillé. L’année suivante lave le Fundi de toutes interrogations concernant ses qualités de « lidiador » et c’est tout naturellement, qu’en autres Plazas, Vic, Céret, Nîmes, Palavas, Dax et Floirac sont contraintes d’admettre le dogme « José Pedro Prados ». 

 

 

          

 

 En 1992,  la France entière continue sa mue, devenant alors le pays d’adoption de ce gamin issu de l’Ecole Taurine de Madrid. Et pour quelques « tardes » de plus,  absoutes les éternelles discordes entre « toristas » et « toreristas ».

Ce serait une hérésie d’écrire que sa carrière fut un long fleuve tranquille, même s’il est vrai que les années 90 furent siennes : il écuma les « Puertas Grandes » de Nîmes à Béziers en passant par Bayonne…

 

Il me semble capital de rappeler que lorsque s’ouvre le nouveau millénaire, El Fundi connait une période de faible activité.  Nombreuses sont les raisons de ce « bache », que ce soit les changements plus ou moins heureux d’ « apoderados », le fait d’être malgré lui cantonné à des arènes de « bords de mer »  ou bien encore, l’amertume légitime de croiser indéfectiblement le fer face aux mêmes et inlassables « hierros »…

 

(Link sur photo, voir Galerie photos archives/Miurada Bayonne 2009)

( Bayonne août 2009; il porte sur le visage les stigmates de la cornada reçue la veille)

 

 

Paradoxalement, c’est durant ces années difficiles, qu’il connait une de ses meilleurs temporada en 2008. Une saison faite de triomphes importants dans des plazas de 1ère  catégorie tant en France qu’en Espagne.  La presse et le public sont alors unanimes et  reconnaissent enfin l’étendue de son talent. Je ne fus donc pas étonné de le voir aux côtés de J. Tomás à Bayonne face aux taureaux « d’El Pilar » le 7 août 2009. Trois oreilles, et cette série de « naturelles » figeant le temps avant que le « pecho » aussi long que la Grande Plage de Biarritz n’aille s’assoupir dans les mémoires des dix milles personnes présentes ce jour là.  

Le 22 juillet 2012 est, et restera une date historique pour le « mundillo ». Ce jour-là à Tyrosse José Prados « El Fundi » tirait sa révérence. Effectuant naturellement son entrée dans le « sérail » où trônent les D. Gonzalez, Luis Fco Esplá ou bien encore Ruiz Miguel, cette caste de héros altiers, sibyllins et éternels dont la noblesse s’écrit en lettres de Bravoure…

 

 Savoir tirer sa révérence. (Tyrosse, le 22 juillet 2012.)

 

A la mémoire d’ Adrián Gomez.

 

* Vallée de la Mort : Dans le jargon taurin : villes et villages aux alentours de Madrid dans lesquels se déroulent dans de petites Plazas (souvent portatives) divers spectacles taurins (corridas, novilladas). L’adjectif « Vallée de la Terreur » ou « Vallée de la Mort » vient de la décision de mettre en confrontation des élevages de « seconde zone » aux cornes démesurées et au gabarit  disproportionné face à des toreros la plupart du temps inexpérimentés : ex  « Moraleja de Enmedio », « Consuegra », ou «  Arroyo Molinos ». 

 

 le 22 juillet 2012.

                                                                      

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